Vous connaissez l’histoire du pull en laine qui gratte?
C’est une grand-mère qui offre à sa petite fille de cinq ans un pull en laine bleu qu’elle a tricoté elle-même. Pour lui faire plaisir, la petite fille le met mais déjà en l’enfilant, le pull gratte. La petite a du mal à le supporter et devant sa grand-mère, elle fait part de ses démangeaisons à sa mère.
« Il gratte ».
Sa mère outrée lui répond : « Non, il ne gratte pas. » Son regard est si violent que la petite fille ne sait plus quoi penser. Elle est certaine que le pull gratte mais le regard de sa mère en a décidé autrement.
Alors la petite fille se persuade que sa mère a raison. Sa mère sait. Le pull ne gratte pas. Pire, elle décide qu’elle ne doit pas être normale parce que la laine ne gratte pas sauf sur elle.
L’amour, c’est comme un pull en laine : il est rêche, ne tient pas forcément chaud, n’a pas toujours la bonne couleur, s’élime vite constellé de trous à donner la chair de poule. L’amour gratte.
L’amour, irrite, agace, chatouille, picote bref démange.
Et quand je dis démange, je pense au désir à assouvir au plus vite, à l’impatience qui s’insinue partout, à l’excitation du corps et de l’âme mais aussi à l’irritation en constante irruption, à la douleur lancinante, à l’insupportable.
Nier que le pull en laine gratte, c’est mourir. Nier la vie à fleur de peau, c’est mourir. Alors je suis morte.
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