Que faire de ces deux planches bien assorties, du même bois mais qui ne me sont d'aucune utilité ? Benjamin avait la réputation d'être économe et plutôt habile de ses mains, si bien que l'idée de raviver le feu en y jetant ces long bouts de bois lui était insupportable. Non, pour l'instant, il ne voyait pas mais gardait l'espoir de leur trouver un emploi. Il avait passé tout l'hiver à franchir le col dans un sens puis dans l'autre, à s’enfoncer jusqu'à la taille dans une neige fine comme le vent. Il faut dire que la peau de loup pèse à la longue, et puis, il n'était plus tout jeune, ses vieux os avaient fait du chemin, au delà des cimes, jusqu'à la mer parfois.
Un soir, harassé, il était résolu à se débarrasser au plus vite de ces bois bien encombrants et fatals à son dos, mais à peine eut-il franchi le col, qu'une bourrasque les déséquilibra lui et son fardeau, le renversa et l’entraîna dans une chute qui aurait pu être mortelle si les planches n'avaient pas à leur tour soutenu son corps. Le dos collé aux bois, il dévala la pente jusqu'à ce que chacun d'eux prit une direction qui lui était propre. L'écho de son rire annonça à toute la vallée qu'il avait enfin trouvé.
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