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Un Don de Toni Morrison


Un don de Toni Morrison. Trad. Anne Wicke. Christian Bourgeois éditeur. Paris. 2009.

Titre original A Mercy.

« N’aie pas peur. Mon récit ne peut te faire du mal » ainsi débute le roman de Toni Morrison que l’enchevêtrement de quatre histoires rend particulièrement dense et dont la lecture exigeante est due à une chronologie du souvenir plutôt complexe. L’auteure explore les origines de l’esclavage aux Etats-Unis. Un esclavage qui échappe encore au racisme puisque jusqu’en 1676, les esclaves peuvent être blancs, amérindiens, noirs et tous doivent racheter leur liberté. Morrison dépeint la violence et la sauvagerie du passage de l’ancien monde au nouveau monde. Une transition ultra violente pour les femmes qui subissent une double peine car non seulement elles sont esclaves dans une société naissante au sein de laquelle la torture, l’humiliation, le viol teintent toute relation mais elles sont également asservies au quotidien des hommes. C’est la raison pour laquelle se développe entre elles ; les mères, les épouses, les amantes blanches, noires, métisses, amérindiennes vivantes ou mortes une entraide, si fragile soit-elle. C’est à travers l’histoire d’une famille établie dans une ferme isolée en Virginie, une famille composée du maître Jacob et de la maitresse Rebekka tous deux européens et de trois jeunes femmes esclaves ; Lina, une jeune amérindienne, Sorrow dont on ne sait pas très bien si elle est blanche ou métisse, Florens, la petite fille noire mais également deux jeunes esclaves blancs Willard et Scully qui viennent travailler à la ferme afin de pouvoir racheter leur liberté, que Toni Morrison aborde les thèmes qui font son œuvre : la maternité, l’enfance, l’abandon, la liberté, la servitude… Le Don n’est pas sans rappeler Beloved car la déchirure mère/fille y est présente de la première à la dernière ligne et explique le titre.

L’écriture maitrisée de Morrison est toujours un enchantement pour l’âme. Le réalisme magique enveloppe ce tableau sombre d’une poésie de l’exode, celui des vivants, mais aussi celui des morts et des fantômes.

Une pièce maitresse de la littérature afro-américaine.

Incontournable.


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