Elle m'invita à me regarder dans son miroir de femme et de lui décrire ce que j'y voyais.
Elle connaissait mon corps jusqu'à la moindre ridule, alors j'ai supposé qu'elle attendait autre chose de moi. Sa façon de me déposer sur des terrains vagues plongeant à pic dans des eaux troubles, et cet aplomb de diseuse de bonne aventure qu'elle affichait, me laissaient sans voix.
Je suis un homme sans convictions profondes mais sans malice non plus. A bientôt cinquante ans, à peine sorti de l'enfance, je suis toujours prêt à tout uniquement par jeu. Je fais ce que j'ai à faire avec application à défaut de le faire par investissement personnel et la plupart n'y voit que du feu. Je déguerpis à l'idée qu'un être sensible humain ou animal dépende de moi. Un corps de femme fait léviter mon corps, plus rarement mon esprit. Enfin, ça c'était avant elle. Ma peur va grandissante. Je suis un homme, mais j'ai bien conscience que ça ne signifie pas grand-chose, comme les copains, j'ai filé doux en me prétendant fort, j'ai joué à l'homme pour que l'on me fiche la paix et ma lâcheté n'a d'égal que ma peur. Et, la voilà qui veut que je saute de la falaise. Nos regards se cherchent et se trouvent dans le reflet du miroir.
Oui, je le veux, bien entendu, je le veux, mais alors, tu sautes avec moi.
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