Parfois, le tumulte dans sa tête était si fort qu’il était perceptible dans ses mots, dans sa façon de parler de moi, dans son silence. Ses phrases devenaient un champ de bataille sur lequel les ennemis ne manquaient pas. Il y avait de la rage, de la frustration, du désir, de l’ailleurs dans ces avalanches de mots tombés en désordre et aussitôt censurés.
Elle ne savait vraiment pas comment s’y prendre avec moi. Elle faisait de son mieux pour que je sois heureux dans une vie à ma mesure. Le soir, je la regardais se battre contre des démons qu’elle seule percevait à la lueur de son âme. Des souvenirs d’enfance aussi brutaux qu’indicibles venaient la hanter au point qu’elle me perdait de vue, ses yeux se brouillaient et ce qu’elle savait de moi se teintait d’un blanc opaque pour devenir oubli puis abandon. A plusieurs reprises, je me suis senti mis à l’écart, abandonné pour un certain temps. La tension en elle était si palpable, si aiguë qu’elle m’atteignait et me mettait en péril. A travers moi, elle menait un combat, un combat de femme et j’en acceptais la beauté.
Ce qu’elle ignorait c’est que j’étais bien plus libre qu’elle ne pouvait l’imaginer. Je l’aimais au point d’aller au-devant de ses mots, je la précédais parfois, je l’attirais à moi et elle venait sans résistance, par enchantement. La surprise passée, elle reprenait goût à moi et nous étions à nouveau heureux.
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