Dans ce court traité philosophique consacré à l’aventure, Georg Simmel déroule l’idée que pour qu’un événement devienne aventure, il doit se définir par une double détermination à savoir qu’il doit avoir un commencement et une fin et qu’il ne fasse pas partie de la continuité de la vie ; d’où un sentiment ‘d’étrangeté, d’isolation, de détachement’. Ce qui n’est pas sans rappeler le concept des espaces autres, des contre-espaces que Michel Foucault définira plus tard comme hétérotopies, des lieux d’utopie. Se situant en dehors de la continuité de la vie, le hasard intervient, mais l’aventurier sait que ce hasard fait partie d’une nécessité intérieure. L’aventure est donc un hasard fragmentaire et cependant elle est achevée en elle-même, comme l’est une œuvre d’art. Selon Simmel, une relation profonde lie l’aventurier et l’artiste et elle réside dans l’essence même de l’œuvre d’art qui est de ‘découper un morceau des séries infiniment continues du monde et de la vie […]’ Ce qui ramène encore à la question de Foucault de savoir si les jardins des contes des Mille et Une nuits ne seraient pas des tapis volants !
Georg Simmel (1858-1918), philosophe et sociologue allemand.
Georg Simmel. La Philosophie de l’aventure. Trad. Alix Guillain. L’Arche 2002.
Michel Foucault. Des espaces autres (1967), Hétérotopies.
Comments