Je n’ai pas de nom. Je viens de passer le porche qui sent l’urine ; hommes et animaux vident leur peur avant de pénétrer plus en avant, forcés par un destin qui leur échappe déjà. Je n’ai pas de nom, mais je suis beau et la lutte doit sans doute leur plaire, car c’est la beauté qu’ils vénèrent de leur pouce. Les lacets de ma sandale trainent par terre, infimes traces de moi, de ma vie entravée par les mailles du filet. Je ne distingue que l’ombre de Cassius, ombre puante de sueur et d’effroi. Le cuir tressé me lacère la peau. Je me souviens de ma maison au bord de la mer, des oliviers en hiver, de ma barque effilée débordante de poissons. Ma femme me regarde. Sa jeunesse était alors son seul atour. L’ombre s’est approchée tout près de moi et d’un geste nerveux, Cassius enfonce sa lance dans mon cœur. J’avais un nom.
Yanis
alencreclaire
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